VaseÉmile Decœur
Vase
2e quart du xxe siècle-3e quart du xxe siècle
Vers 1935-1953
Grès kaolinique
H. 12,9 ; D. 13,9 cm
MNC 24228
Legs Curtiss au musée national d’Art moderne
Dépôt du musée national d’Art moderne
Vase sur talon, à bord droit ; moulures. Couverte bleue tachetée de bleu et marbrée
de blanc ; filets marrons à la base et à l’orifice.
Marque en creux.
Decœur, Émile
1876-1953
Orphelin, contraint de travailler dès l’âge de quatorze ans, Émile Decœur eut la chance
d’entrer en apprentissage dans l’atelier d’Edmond Lachenal, artiste sensible qui donnait
alors une version infiniment poétique du japonisme. Se soumettant ainsi à la mode
créée par Eugène Carriès, il concevait le décor, décor en relief et rehaussé de couleurs
sourdes, comme profondément intégré à la forme : cet orientalisant était un classique.
Immergé dans le talent de son maître, Decœur put se former, étudiant la technique
de la faïence et du grès, apprenant la chimie, le dessin, se cultivant dans les bibliothèques.
Évidemment remarqué par Lachenal, il commença à œuvrer avec lui, créant des pièces
au double monogramme. Decœur voulait être indépendant. Après un passage chez Rumèbe,
autre potier tout aussi remarquable que Lachenal, il se mit à son compte. Il avait
définitivement adopté le grès, qu’il ne quittera plus que pour des grès kaoliniques,
plus fins, plus blancs.
L’œuvre d’Émile Decœur est un long et rigoureux chemin vers la simplicité la plus
grande, le renoncement au décor, la qualité pure. Vers 1900, il a réalisé des pièces
décorées, dont un vase du musée de Sèvres orné de vagues à la japonaise : du Lachenal,
avec plus de retenue. Vers 1930, il organisait sur ses pièces – de grands vases, des
coupes – des décors mi-géométriques, mi-végétaux. Puis il renonça à tout décor.
Créant des formes officiellement inspirées des formes chinoises, en réalité largement
inventées ex nihilo, il a longuement multiplié les émaux, les superposant pour obtenir des effets plus
subtils, avec un art achevé.
Pourtant, sans doute parce qu’il n’a rien écrit, parce que bien qu’il fût fort célèbre
ses pièces n’étaient peut-être pas si faciles à voir – ou au contraire parce que justement
on le connaissait (nul n’est prophète en son pays, ce n’est pas nouveau) –, parce
qu’il avait poussé si loin le perfectionnisme qu’il avait atteint une sorte de point
de non-retour, indépassable, son œuvre tant admiré ne fut pas tant imité. À sa mort,
en 1953, on pouvait croire que le courant qu’il représentait disparaîtrait avec lui,
il ne fut pas un maître.
Bibliographie : Jean-Pierre Camard, catalogue de l’exposition L’Art de la poterie en France de Rodin à Dufy, Sèvres, musée national de Céramique, 1971, dans Cahiers de la céramique, du verre et des arts du feu, n° 50, 1971, p. 27.
Matière :
Grès
Désignation :
Vase →
Mode d’acquisition :
Leg →
Étapes de publication :
Alain Prévet, 01/11/2007, rédaction de la notice pour première publication.
Pour citer cet article :
Alain Prévet, « Vase » dans Catalogue des céramiques contemporaines françaises du musée de Sèvres, 1955-2005, mis en ligne le 01/11/2007. https://ceramiques-contemporaines-sevres.fr/notice/notice.php?id=44
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