La terre cuite, symbole d’indépendance
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Quelques originaux ont continué avec constance, durant ces trente dernières années, à utiliser les « basses températures », donnant à leurs contemporains le sentiment de « sous-cuire » la terre. Étranges personnages qui n’ont pas cédé, alors que la pression du céramiquement correct était si forte. Puissantes personnalités, si rares qu’elles ne correspondent pas à un courant, et ne peuvent être définies comme un groupe.
Ils n’ont, a priori, rien en commun : l’un travaille la terre à la masse, la ploie, la brise ; l’autre la fait toute fine, toute mince et la dote d’une surface brune, très proche du grès ; un autre encore joue avec la glaise pour lui donner tous les aspects possibles et en faire des figures si naturalistes qu’elles surprennent. La terre, matériau le plus souple qui soit, est celui de la liberté, du bonheur. Les sculpteurs l’emploient pour en faire des esquisses ; les femmes la maîtrisent sans difficulté.
Personnalité entre toutes, il y eut Pierre Bayle. Sa technique était complexe ; il ne l’adopta pas par esprit de facilité, mais parce qu’elle le reliait aux maîtres céramistes, les plus anciens à avoir œuvré sur le sol de son pays : les Grecs et les Gallo-Romains. Ses terres engobées présentent une surface dont le résultat tient beaucoup au hasard de la cuisson. En cela, il s’est parfaitement intégré dans le paysage de l’art céramique contemporain. Ce que les autres demandaient aux « hautes températures », il l’obtint de l’enfumage, accompagnant les partisans du raku.