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Techniques de céramique Le décor, encore et toujours

Le décor, encore et toujours

Tous les tabous, à notre époque, sont faits pour être repoussés ; celui du décor l’a été dans les années 1970. D’abord par les peintres abordant la céramique : Pierre Alechinsky est, à ce titre, un exemple emblématique. Par des céramistes-peintres ensuite, tels Lanos et Varlan, qui utilisent le grès – matériau céramique qui véritablement incarne leur temps – en le couvrant d’émail ou d’engobe blanc pour en faire un surprenant support à peinture. Anne Kjærsgaard leur avait, à sa manière, ouvert la voie en montrant que le décor sur un volume ne connaît qu’une loi, celle du volume. Varlan, en véritable peintre, la détourne parfois.

Certains n’ont jamais renoncé au décor, au premier chef les céramistes du sud de la France, dont Gilbert Portanier et Jean-Paul van Lith ; Alain Girel, encore plus. Il ne s’en écarta qu’un court moment, pendant sa période bornoise, et encore à peine. Il adopta même sciemment ce que tous les autres avaient fui comme le mal absolu : l’outrance du « mauvais goût » ! Il acquit des décalcomanies en masse et en couvrit ses vases. Saint-Sulpice était laissé loin derrière.

Autrement dit, le décor est encore souvent ressenti comme un défi au goût. Lentement, ce phénomène recule et continuera vraisemblablement à reculer, parce que toute vague de la mode est emportée par la suivante, parce que l’empire du design, donc la prédominance de la forme sur le décor, est maintenant si ancienne qu’il faut bien qu’elle s’achève.

L’amour du décor se rencontre essentiellement chez ceux qui ont un tempérament altruiste : Alain Girel créant les symposiums de La Borne, en 1977 ; Jean-Paul van Lith dirigeant les Salons de la porte de Versailles, se battant avec courage et générosité au ministère de la Culture pour la sauvegarde des métiers de l’art.

Céramiques concernées